Mendiante et raciste
Mendiante… et raciste
Comment peut-on être mendiante et avoir ce sentiment de supériorité propre à tous les racistes du monde ? La scène s’est déroulée à Rabat quand j’y étais encore étudiant. Un ami comorien au teint de jais, qui venait de percevoir sa bourse, s’est arrêté devant une femme d’un âge avancé qui lui tendait la sébile et lui a remis une pièce de dix dirhams. Alors qu’il continuait son chemin, il entendit la mendiante dire en arabe : « Oh mon Dieu, qu’ai-je fait pour mériter un tel sort : un Noir, un fils d’esclave, qui me fait l’aumône ? ! » Le bienfaiteur n’en croyait pas ses oreilles. Revenant sur ses pas, il dit à la femme, en lui tendant un billet de vingt dirhams : « Excusez-moi, c’est vingt dirhams que je voulais vous donner et non dix. » Quand elle lui a rendu la pièce de dix, le jeune étudiant l’a remise dans sa poche... avec son billet de vingt dirhams ! Il a alors assené à la mendiante, en arabe classique (les Comoriens sont aussi arabophones) : « Puisque votre dieu entend bien vos complaintes, demandez-lui donc de l’argent ! »