Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Musik-passion
Musik-passion
Publicité
Newsletter
Pages
Musik-passion
  • Dégustez tous les meilleurs sons des artistes du monde entier en particulier du Burkina Faso avec musik-passionplus. Faites nous parvenir les meilleurs sono que vous aimez; Rnb, pop, zouk, reggae.. rendez vous sur http://musikpassionplus.canalblog.com
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
28 mai 2012

Racisme

Témoignages

 

Rita, Marocaine et Noire

« C’est ta peau qui est noire. Ton cœur, lui, est blanc ! »

 

Je suis la petite-fille d’une femme blanche qu’on a mariée à un Noir. A l’époque, le racisme n’existait pas au Maroc. Du moins, pas à mon sens. Ma grand-mère qui était plutôt une belle femme ne s’est jamais plainte de cette union. Au contraire, bien après le décès de mon grand-père, elle n’a jamais tari d’éloges à son égard. Pourtant, ses parents avaient le choix. Mais ils ont préféré la « donner » à ce Sahraoui réputé pour son sérieux.

Sa fille aînée, jolie métisse, n’a pas tardé à trouver son bonheur avec un Touareg, mon père. Je suis donc la cadette d’une fratrie de deux filles et de cinq garçons. Contrairement à ma sœur aînée, je n’ai pas eu la chance de naître métisse. J’ai hérité de la carnation de mon grand-père mais j’étais loin de penser que mon teint allait me contraindre à quitter le Maroc, mon pays. Durant tout mon cursus académique, je n’ai pas cessé d’entendre la phrase assassine : « Tu sais, finalement, ce n’est que ta peau qui est noire. Ton cœur, lui, est blanc ! » Cette phrase m’était assenée par la plupart des personnes qui m’ont appréciée, à commencer par mes propres amies. Et puis, un jour, il a fallu que je tombe amoureuse d’un Marocain. Il m’appelait « ma noisette grillée ». Dans sa bouche, cela n’avait rien de péjoratif. Nous avions prévu de nous marier, de fonder une famille. Mais un jour, tout a basculé : lorsqu’il a voulu me présenter à sa famille, elle m’a rejetée. J’ai fui mon pays et de ce fait, mes parents et tout ce qui me rattachait à mes racines.

Suite à ma déception amoureuse, j’ai décidé de suivre l’exemple de ma sœur aînée et de me marier avec un étranger. Daniel, ce blondinet dont je percevais l’intérêt grandissant à mon égard, à chaque fois que j’allais en vacances chez ma sœur en Suisse, a fini par me demander en mariage. Je l’ai épousé, non pas par amour, mais parce qu’il représentait pour moi un réconfort ! Moi la Noire dont aucun homme ne voulait au Maroc, j’étais traitée comme une princesse. Nous avons eu une petite fille puis un garçon. Le métissage a si bien opéré que Sofia et Adam sont de vraies beautés. Mais un jour, lorsque l’euphorie du changement, du réconfort et de l’assurance que m’offrait ma nouvelle vie s’est complètement dissipée, j’ai réalisé que je ne ressentais aucune passion pour Daniel. Cette passion, c’est ce qui me manquait pour m’épanouir. Et c’est en participant à un cours d’allemand que j’ai rencontré l’amour de ma vie : un Italien qui venait de s’établir à Zurich. J’ai alors quitté Daniel pour vivre avec Antonio. Mais aujourd’hui, mon bonheur n’a d’égal que le dégoût que me voue ma fille Sofia. Devenue adolescente, elle s’est mise à me ressembler de plus en plus et sa couleur de peau a foncé considérablement. Elle en est tellement complexée qu’elle s’évertue à mettre de grosses couches de fond de teint beaucoup plus clair que sa carnation. A Zurich, elle refuse de s’exposer au soleil et utilise même des crèmes éclaircissantes qu’elle va chercher dans des commerces illégaux bien qu’étant prévenue qu’elle risque un cancer de la peau. Le plus dur dans tout cela, c’est qu’elle refuse de me voir depuis que j’ai décidé de quitter son père. Je sens qu’elle éprouve à mon égard une haine profonde. Tout cela me renvoie à un sentiment d’échec et de mépris de moi-même, à toutes ces choses qui m’ont obligée à quitter mon pays. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité